A Jérusalem, le pape n'est pas le bienvenu…
par Israel Shamir, 10 mars 2009
traduit de l'anglais par Marcel Charbonnier
http://www.plumenclume.net/textes/2009/Israel/Shamir/pape-jerusalem-090309.htm
« Le pape Benoît XVI n'est pas le bienvenu en Terre sainte, dans
les circonstances présentes », a déclaré à Jérusalem l'archevêque Théodose de
Sébaste , le prélat de plus haut rang de l'église palestinienne autochtone,
après qu'il eut été annoncé en Israël que le chef de l'Eglise de Rome
entreprendrait son pèlerinage dans la Ville sainte au mois de mai, au cours
duquel il honorerait de sa visite le mémorial de l'Holocauste juif « Yad Vashem ».
- « Nous ne sommes pas opposés à la visite du pape à Yad Vashem,
mais avant d'exprimer sa solidarité avec les juifs, il devrait faire montre de
solidarité envers les chrétiens de Palestine. Nous avons notre propre mémoire,
tragique ; notre Yad Vashem à nous, c'est Gaza », a déclaré l'Archevêque, qui a
ajouté : « Que le pape commence donc sa visite par Gaza… »
Grand et solidement charpenté, les yeux bleus, d'une présence
imposante, l'Archevêque, né en Galilée, est citoyen israélien. Il critique
vertement les excès des juifs et il est un partisan affiché de l'idée de l'Etat
Démocratique Unique prônant une égalité pleine et entière entre les juifs, les
chrétiens et les musulmans dans l'ensemble d'une Terre sainte indivise.
L'Archevêque Théodose Atallah Hanna est quelqu'un qui sait ce
qu'il veut : il a refusé de rencontrer le président Bush, il est l'ami du Mufti
de Jérusalem et il a défendu le pape Benoît quand celui-ci avait été attaqué en
raison de ce qui avait été considéré par d'aucuns comme un propos antimusulman.
Aujourd'hui, il exprime les sentiments de nombreux chrétiens palestiniens, qui
constituent la plus ancienne communauté chrétienne du monde. Si l'Eglise de Rome
a été instituée par l'apôtre du Christ Saint Pierre, l'Eglise de Jérusalem a été
instituée par le Christ lui-même. Dans beaucoup de villages et de villes de la
Terre sainte, le souvenir de la présence du Sauveur est encore palpable. La
majorité des chrétiens de Jérusalem appartiennent à l'Eglise orthodoxe (celle de
l'Archevêque), seule une minorité d'entre eux étant catholique.
En ce qui concerne la visite du pape, les catholiques et les
orthodoxes sont du même avis. Avant la guerre contre Gaza, le père Manuel
Musallam, chef de l'Eglise catholique romaine à Gaza, a dit que Gaza avait le
droit de ne pas mourir, et que si Gaza devait mourir, alors ce serait sur le
champ de bataille. Les croyants, les prêtres et les moines catholiques de Terre
sainte ont envoyé au pape une lettre secrète l'exhortant à remettre sa visite à
plus tard. Le Vatican a lu cette lettre, mais il a décidé de ne pas en tenir
compte. Aujourd'hui, alors que le sang palestinien versé par les juifs à Gaza
est encore chaud, Israël va, n'en doutons pas, faire de cette visite un signe
d'approbation papale.
« Si le pape veut venir en Terre sainte, alors, qu'il commence
sa visite par l'église catholique locale, à Gaza ! », a dit l'Archevêque
Théodose Atallah Hanna. « Cette Eglise a été négligée par les prêtres et les
évêques, et les chrétiens de Gaza ne pouvaient pas aller prier à Jérusalem et à
Bethléem. Tout d'abord, le pape devrait rencontrer les chrétiens de Palestine,
qui portent la lumière du Christ dans l'obscurité de l'occupation israélienne.
Sinon, sa visite ne sera pas pour nous ; ce sera une visite rendue à Israël, une
simple obligation mondaine, dans l'agenda du pape, vis-à-vis des organisations
juives. Nous demandons au pape de prendre la parole au nom du peuple de
Palestine, car les chrétiens palestiniens font partie intégrante de la
Palestine. Les Palestiniens chrétiens souffrent avec leurs frères musulmans et
autant qu'eux. Que le pape se fasse l'avocat de notre cause », a-t-il conclu.
Nombre de chrétiens palestiniens ont le sentiment que le Vatican
est devenu le jouet des intrigues juives. Pourquoi le Vatican déploie-t-il
autant d'efforts pour s'ingénier à séduire les juifs et à leur faire plaisir ?
L'Eglise de Rome n'est-elle plus une institution indépendante ? Pourquoi le
Saint-Siège s'incline-t-il devant le véto juif, y compris en matière d'affaires
strictement intérieures à l'Eglise ?
La visite papale au Mémorial de l'Holocauste fait problème. Le
Musée qui jouxte ce Mémorial contient une diffamation grossière à l'encontre du
pape Pie XII, et les juifs ont refusé de l'en retirer. Pire encore :
l'Holocauste est instrumentalisé afin de justifier un massacre de masse à Gaza ;
le fait d'aller en premier lieu à Yad Vashem envoie le message, désastreux, de
l'acceptation de la supériorité juive sur la chrétienté. De plus, le Mémorial de
l'Holocauste est un symbole religieux, une idole d'un nouveau culte païen et
athée. Son directeur, le Dr. Judah Bauer, a ouvertement nié l'existence de Dieu
et la Création , alors que le précédent est un criminel de guerre prouvé, dont
nombre de pays demandent l'extradition.
Tom Segev, un écrivain israélien éminent, a dit, à juste titre,
que l'Holocauste est devenu « un objet de culte ». Abraham Foxman, le chef de
l'Anti-Defamation League [ la Licra à la sauce ketchup, ndt] a déclaré :
« L'Holocauste est un attentat, quasi réussi, contre la vie des enfants Elus de
Dieu, et donc, contre Dieu lui-même ».
Nous connaissons, quant à nous, une tentative d'attentat
quasi-réussie contre la vie du Fils de Dieu, et donc, contre Dieu Lui-même ;
cela s'est passé à Jérusalem, sur le Calvaire. Yad-va-Shem est une usurpation,
un lieu d'idolâtrie. Abraham a refusé d'obéir aux idoles – pourquoi le pape en
serait-il incapable ?
La visite annoncée du pape a été engendrée par une ruse :
l'évêque traditionnaliste, Mgr Williamson, avait été réintroduit dans l'Eglise,
après son excommunication, et exactement au même moment, son interview au sujet
de l'holocauste juif était diffusée. Le scandale fut énorme. Si Williamson avait
blasphémé le Christ et l'Eglise, on l'applaudirait pour sa liberté d'esprit ;
mais les choses étant ce qu'elles sont, le pape a été contraint de mendier le
pardon de « ses frères aînés les juifs », et même de s'embarquer pour cette
visite papale s'assimilant à un voyage à Canossa, avec ses rencontres
programmées avec des criminels de guerre israéliens.
En Palestine, le pape et les catholiques ont deux ou trois
choses à apprendre de la part de l'Eglise de Jérusalem. En dépit de sa situation
minoritaire dans l'Etat juif, l'Eglise orthodoxe est toujours libre, et
non-subvertie. Sa théologie est brillamment, implacablement triomphaliste ; nous
croyons au Christ et en la victoire de l'Orthodoxie, telle que nous l'avons
célébrée dimanche dernier, le premier dimanche du Carême. Notre Eglise est
universelle et catholique, car nous, (les chrétiens) de Jérusalem et de Moscou,
d'Antioche et de Constantinople, nous sommes unis par une seule communion, même
si nous n'avons pas un seul et unique berger. Nous n'avons pas de frères aînés,
nous ; il n'y a pas de sionistes, chez nous ! Nous n'avons pas de relations
spéciales avec les juifs – à moins qu'ils ne veuillent se convertir et se
joindre à nous. Nous rejetons les hérésies, et nous n'hésitons pas à
anathématiser les hérétiques, y compris ces papes de Rome qui sont allés trop
loin dans leur désir de faire allégeance aux pouvoirs mondains.
Notre Eglise n'est pas en quête de meilleures relations
publiques, elle ne modifie pas ses règles, dans une vaine tentative pour attirer
davantage de croyants. Elle vénère les icônes. Mais personne ne la fera jamais
se prosterner devant des idoles !
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