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Maria Poumier    

 

Le syndrome de Numance 

 

M. Schoemann a surpris par son réquisitoire précis et détaillé contre chacune de ses victimes, désignés comme cibles à abattre pour des passages de leurs écrits. Le cœur de l’affaire, c’est l’écrivain israélien Israel Adam Shamir [1]. La lettre signée « Nadine Mouque » était une attaque contre cet écrivain, et menaçait ceux qui relayent son œuvre ; Schoemann a confirmé à l’audience sa détermination à empêcher qu’on connaisse Israel Adam Shamir en France. Shamir représente la résurrection de la réflexion juive absolument antisioniste qui était majoritaire avant la Deuxième guerre mondiale, et il est israélien, ashkénaze. Le projet de M. Schoemann est simple : dès qu’ils apprendront l’assassinat de  l’une des personnes qui diffusent l’œuvre de Shamir, les juifs modérés dans l’expression de leur dégoût de l’Etat israélien cesseront prudemment d’exprimer leur antisionisme. Déjà ils sont épouvantés et consternés d’avoir été associés par M. Schoemann à des antisionistes qu’ils trouvent infréquentables ; l’avocat d’Eyal Sivan n’a pas raté l’occasion de démarquer vaillamment son client de ses covictimes, et il a tenté d’ajouter à leur légende noire quelques méfaits supplémentaires. C’est le vieux syndrome de Numance : les faibles, lorsqu’ils sont assiégés, ont pour premier réflexe de se faire Balance : « c’est pas moi, msieur, le négationniste, c’est elle ! Cette exquise preuve de solidarité de la part d’un Hantisioniste jouissant de quelques faveurs médiatiques prouve que l’intéressé sait qu’il est réellement en danger. Passons…

 

Au cours de l’audience, j’ai demandé à M. Schoemann si, outre qu’il nous considère (y compris M. Eyal Sivan) comme des antisémites et des négationnistes, il considère que nous pratiquons l’incitation à la haine raciale. De toute son âme, il a répondu OUI ! Effectivement, il semblerait que dans l’esprit de M. Schoemann et autres défenseurs musclés de l’Etat d’Israël, le judaïsme ne soit finalement pas  une affaire de ralliement à une tradition ou à une religion, mais de race. Seul le régime nazi avait promu des lois basées sur  l’idée que les juifs puissent constituer une race. Les nazis se basaient pour cela sur une règle formulée par la religion juive, selon laquelle est automatiquement déclaré juif l’enfant né d’une femme juive. Il semble bien que de nombreux intellectuels juifs acceptent cette interprétation racialisante du judaïsme, tel M. Finkelkraut affirmant que les Martiniquais détestent Israël parce que ce n’est pas un pays métis.  Ainsi donc, selon cet intellectuel, le fait d’être reconnu comme juif par l’Etat d’Israël équivaudrait à un certificat d’appartenance à une race pure, en contradiction grotesque avec les lois de la nature, l’observation de tout un chacun, et la science réunies.

 

Si madame la juge accepte la définition raciale et raciste que donnent certains juifs de leur identité, alors elle sera tenue de considérer les préparatifs de massacre mis en chantier par l’accusé comme inséparables d’une condition aggravante : la double incitation à la haine raciale : contre une race inférieure, celle des goys, et contre la prétendue race supérieure que prétend représenter M. Schoemann, car M. Schoemann provoque activement notre résistance à la logique soit-disant « juive » d’intimidation ! De Gaulle faisait-il de l’incitation à la haine raciale quand il appelait à résister à l’occupation allemande ? Suffisait-ils que certains Allemands se considèrent comme une race supérieure pour qu’on soit obligés de se soumettre à leurs lois ?

 

Si la justice refuse, au contraire, la définition raciale et raciste que donnent certains juifs de leur identité, alors il faudra considérer les préparatifs de massacre mis en chantier par l’accusé comme inséparables d’une condition aggravante : complicité dans un projet génocidaire : l’intimidation visant à étouffer une liberté de réflexion garantie par les lois françaises est une atteinte à la vie spirituelle de toute une population, celle des lecteurs en langue française. Comme la stérilisation des femmes ou des hommes, ou l’incitation à ne pas se reproduire en tant que tels, la désertification d’une culture, au profit d’une minorité prétendant au privilège de confisquer la parole, est de nature génocidaire.

 

Enfin, comme M. Schoemann refuse de reconnaître que son arsenal était bien destiné à abattre autre chose que des nuisibles du genre lapins, renards ou canards sauvages, alors il ajoute une troisième circonstance aggravante à sa malfaisance : il est complice de négation de crime contre l’humanité…

 

N’ayons pas peur des mots : antisémite et négationniste sont des imprécations brandies par un groupuscule au service d’un minuscule État étranger et menaçant pour tous, comme autrefois on accusait les femmes de sorcellerie. Et certains manœuvrent pour conjuguer menaces de mort, attentats et persécutions judiciaires sous prétexte de pensées inconvenantes. Souvent, les femmes poursuivies en Europe au Moyen Age défendaient une longue tradition de connaissances scientifiques, en particulier dans le domaine de la médecine, que la science moderne reconnaît pleinement. Dans d’autres cas, comme dans celui de Jeanne d’Arc, elles défendaient un projet politique, celui de la résistance à un envahisseur. Si nous, les destinataires des balles de 22 long rifle, sommes bien au hit parade des Hantises de Schoemann et consorts, c’est probablement pour les mêmes raisons : nous transmettons une pensée ancienne et vivifiante, mais récusée par des censeurs sans la moindre légitimité, et nous résistons à la destruction de notre culture au profit d’intérêts étrangers. Il est temps de remettre les Schoemann à leur place : celle des gangsters au service d’une maffia étrangère. Et Numance sera libérée.

 

[1] auteur de L’Autre Visage d’Israël, aux éditions Alqalam, disponible dans les FNAC et à la librairie du monde arabe, 220, rue Saint-Jacques, 75005 Paris.

 

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