Noam Chomsky et les Croisés du 11 septembre
par Israel Shamir
on
Shamireaders, 22 juillet 2008
Récemment, j’ai déjeuné dans un restaurant de Delhi avec un de nos lecteurs
indiens, philosophe et sayid (descendant du Prophète Mahomet), le Professeur
Sayed Zaidi. M. Zaidi est préoccupé par le mouvement qui a causé les attentats
du 11 Septembre 2001, et en particulier par certaines investigations qui ont
indiqué l’implication de certains juifs haut-placés. Il était encore plus
préoccupé par la position adoptée par le Professeur Noam Chomsky, et il m’a
envoyé par mél une lettre de Kevin Barrett (auteur de l’ouvrage Chomsky : Hero
or Gatekeeper ?), ainsi qu’un article de notre ami James Petras, qui a diffusé
des accusations similaires. Alors que j’avais défendu Chomsky, M. Zaidi m’a
écrit : « L’opinion générale sur Chomsky est de plus en plus dure, plus dure que
la vôtre, en tous les cas. Si vous pensez qu’il n’est pas si mauvais que cela,
pourquoi n’écrivez-vous pas, à ce sujet ? C’est là une question, en particulier
son rôle de chien de garde, qui mérite d’être diffusé au sein de votre groupe de
discussion. Franchement, je trouve les avis de gens tels que Petras, Jeff
Blankfort et Kevin Barrett tout-à-fait libérateurs, et je suis persuadé qu’il y
a une existence, au-delà de la courtoisie ». Voici ma réponse. Israël Shamir
Lorsque nous nous promenons en ville, nous nous faisons parfois
accoster par des gens bien-intentionnés, et grandement dévoués à une cause. Cela
peut être un réfugié kurde muni d’une foultitude de photos d’atrocités turques à
vous faire tourner les sangs, ou un émigré iranien qui vous demande de signer
une pétition. Si vous avez le cul bordé de médailles, ça peut être, pourquoi
pas, Mia Farrow vous demandant en personne de condamner les Chinois… Ces braves
gens n’acceptent pas la réponse ‘non’. Ils vous attrapent la boutonnière et ils
la tiennent dans leurs mains moites de transpiration jusqu’à ce que vous signiez
leur pétition ou que vous leur demandiez très impoliment d’aller se faire voir
chez les Grecs. C’est alors qu’ils explosent, dans une furie qui n’est pas sans
évoquer celle d’une femme dédaignée.
C’est ce genre de chose qui est arrivé au grand intellectuel
éclairé Noam Chomsky. Il a été accosté par un certain Kevin Barrett, un
convulsionnaire du 11 septembre, qu’il a tenté de raisonner poliment, mais qu’il
dut, finalement, se résoudre à lui dire de se casser. Furibard, Barrett publia
alors une attaque acrimonieuse : « Chomsky, cet orateur anémique au charisme de
limace, ne cesse de fustiger les Etats-Unis de sa voix geignarde, exprimant ses
critiques en des termes que seule la gauche sectaire accepterait. Le style
emmerdant et déplaisant de Chomsky, et ses arguments obsessionnellement
anti-américains, assimile les anti-empires aux anti-américains ».
Qu’a donc fait Chomsky pour mériter cette agression ? Si l’on
examine le torrent fastidieux des vitupérations de Barrett, on constate que sa
principale objection contre Chomsky est le fait que l’universitaire de Boston ne
veut pas mener le combat de Barrett, qui vise à attribuer les attentats du 11
septembre 2001 à Bush et au Mossad. Et c’est vrai : Chomsky ne veut pas. Le
devrait-il ? Barrett a essayé de pousser Chomsky à s’immerger dans les aspects
techniques du discours du « Mouvement de la Vérité » [Truth Movement] sur le 11
septembre, et il a refusé d’imaginer que celui-ci pût refuser. Vous connaissez
ces gens : quiconque n’est pas d’accord avec eux est un agent de l’Ennemi (avec
un grand E). Chomsky a eu drôlement raison de rétorquer : « C’est un trait
curieux, propre au Mouvement de la Vérité… c’est cette curieuse mentalité :
« avec nous, ou contre nous », qui infuse le plus gros de ce mouvement : soit
vous acceptez nos affirmations, soit vous êtes un « chien de garde de gauche ».
Il y a toujours place pour la critique et la discussion – fusse
contre Chomsky – et je n’ai pas manqué de m’y essayer, moi aussi. Toutefois, il
y a certaines lignes rouges que nous devrions tenter de respecter, dans une
critique amicale, et il s’agissait là, en l’occurrence d’une attaque ad hominem
particulièrement agressive et paranoïde. Barrett est l’équivalent des juifs
obsédés par l’holocauste (ainsi que celui de leurs contreparties
« dénégatrices »), qui ont besoin que vous confirmiez leur narration et qui ne
lâchent pas votre boutonnière tant que vous n’avez pas répondu. Que Barrett mène
cette guerre lui-même, tout seul, sans avoir Chomsky à sa disposition. Nous
vivons dans un pays libre, plus ou moins. Par exemple, je ne nie, ni je ne
confirme les holocaustes et les massacres. Le pic pétrolier ne me pique pas
outre mesure. Quant au roman policier du 11 septembre, j’ai l’impression que le
Mouvement de la Vérité sur le 11 septembre de Barrett et consorts rend
l’événement trivial, en le transformant en une escroquerie aux assurances
réussie. J’ai déjà écrit à ce sujet, quand les attentats ont eu lieu (voir mon
article : Orient Express –
http://www.israelshamir.net ) :
« Les kamikazes pouvaient être pratiquement n’importe qui : des
nationalistes américains, des communistes américains, des chrétiens
fondamentalistes américains, des anarchistes américains – tous ceux qui
rejettent les dieux siamois du dollar et du M-16, tous ceux qui haïssent la
bourse des valeurs et les interventions outre-océan, tout ceux qui rêvent d’une
Amérique aux Américains, qui en veulent pas soutenir la croisade visant à la
domination mondiale. Il peut s’agir d’aborigènes américains désireux de revenir
à Manhattan, ou d’Afro-Américains qui n’ont pas encore, jusqu’ici, reçu de
compensations pour l’esclavage.
Cela pouvait être des étrangers de pratiquement n’importe quelle
condition, étant donné que Wall Street et le Pentagone ont bousillé la vie de
très nombreuses personnes, dans le monde entier. Les Allemands peuvent se
souvenir de l’holocauste terrifiant de Dresde, avec ses centaines de milliers de
réfugiés sans défense incinérés par l’aviation de guerre américaine. Les
Japonais ne sont pas près d’oublier l’holocauste nucléaire d’Hiroshima. Le monde
arabe souffre encore aujourd’hui de l’holocauste rampant en Irak et en
Palestine. Les Russes et les Européens orientaux ressentent la honte infligée à
Belgrade. Les Latino-américains pensent aux invasions américaines de Panama et
de l’île de la Grenade, au Nicaragua dévasté et à la Colombie défoliée. Les
Asiatiques comptent leurs morts, soit dans la guerre du Vietnam, dans les
bombardements du Cambodge, dans les opérations militaires au Laos, par millions.
Même un présentateur télé russe pro-américain n’a pas pu s’empêcher de dire :
« Désormais, les Américains commencent à comprendre ce qu’on a pu ressentir, à
Bagdad et à Belgrade… »
Les Justiciers auraient pu être n’importe quel emprunteur dont la
maison aurait été confisquée par les banques, n’importe quel employé qui aurait
été « dégraissé » de son boulot, déclaré sous-homme (Untermench) par le nouveau
Peuple des Seigneurs (Herrenvolk). Ils eussent pu être des Russes, des Malais,
des Mexicains, des Indonésiens, des Pakistanais, des Congolais, des Brésiliens,
des Vietnamiens, les économies de tous ceux-ci ayant été détruites par Wall
Street et le Pentagone. Ils auraient pu être n’importe qui, et ils sont tout le
monde. Leur identité n’a strictement aucune importance, car leur message est
autrement plus important que leur personnalité, et leur message peut être lu, à
haute et intelligible voix, dans le choix des cibles. »
C’était aussi ce que pensait le regretté penseur français Jean
Baudrillard
[
http://www.egs.edu/faculty/baudrillard/baudrillard-the-spirit-of-terrorism.html
] :
« En fin de compte, ce sont eux qui ont fait le coup, mais c’est
nous qui l’avons souhaité. Si nous ne prenons pas cette donnée en considération,
l’événement perd sa dimension symbolique ; il devient un acte purement abstrait…
Et dans leur symbolisme stratégique, les terroristes savaient qu’ils pouvaient
compter sur cette complicité inavouable. » Il voyait dans les attentats du 11
septembre « sans doute l’événement symbolique le plus important, après la
crucifixion de Jésus-Christ », affirme Bradley Butterfield.
[
http://www.iath.virginia.edu/pmc/text-only/issue.902/13.1butterfield.txt ]
Autrement dit, l’acte du 11 septembre fut, et de très loin, un
symbole trop puissant pour qu’on puisse le céder à l’Ennemi. Ce n’est pas sans
raison que les gens, dans le monde entier, se sont réjouis en voyant s’effondrer
ce symbole de Mammon. Le fait de savoir que les Américains pouvaient être battus
sur leur propre territoire a réconforté les innombrables victimes de l’Empire.
Je ne sais pas qui a fait le coup, mais cela a été planifié et exécuté par des
gens doté d’un grand esprit.
Je n’admets pas la thèse du Mossad et/ou des juifs ayant perpétré
les attentats du 11 septembre, non pas parce que ce serait là une affirmation
antisémite. Mes lecteurs savent que cette considération ne m’a jamais arrêté
jusqu’ici. C’est le contraire : je considère qu’il est profondément pro-juif
d’affirmer quelque chose supposant que seuls des juifs seraient capables
d’entreprises de grande portée et de grande envergure, alors que d’autres
préféreraient souffrir des frondes et des flèches d’un sort outrageant sans
jamais prendre les armes contre un océan d’emmerdes. D’une certaine façon, la
théorie d’une perpétration juive montre à quel point cette croyance en une
supériorité (imaginaire) des juifs a pénétré les cœurs de très nombreux
Américains et musulmans : « Si ça a été fait et que ça n’a pas queuté, alors,
c’était forcément les juifs ! » Nous, les Israéliens, nous sommes plus acerbes,
encore. Nous disons : « Si ça n’a pas queuté, alors ça ne peut pas avoir été le
Mossad ! »
Cela ne signifie nullement que l’on doive souscrire à la
conspiration des dix-neuf combattants d’Oussama, telle que nous l’a présentée
l’Amérique officielle. Sur de nombreux attentats kamikazes, ceux du 11 septembre
se détachent très nettement. Ils ne peuvent être comparés à nul autre,
certainement pas, en tous les cas, avec un quelconque attentat suicide
islamique. L’assaut contre le symbole-même de Mammon, et ce, au cœur de sa
puissance militaire, fut un grand événement, un événement paradigmatique. Il est
plus facile de croire que ce haut-fait fut accompli par des anges vengeurs, par
Saint Michel en personne, plutôt que par cinq agents du Mossad hilares ou par
des complices de George W. Bush et de Dick Cheney. Il est plus facile de
convenir, avec Baudrillard, que les Tours jumelles se sont suicidées afin de ne
pas être détruites par les pilotes, que de croire, avec Barrett et ses potes,
que tout cela fut accompli par l’habile juif Larry Silverstein à seule fin de
palper les indemnités des assurances…
Baudrillard a évoqué des gens qui « tentent tout afin de
discréditer leurs actions. Aussi les appelons-nous « suicidaires » et
« martyrs », ajoutant immédiatement que ce genre de martyre ne prouve rien. Mais
un tel argument moral est susceptible d’être renversé. Si le martyre volontaire
des kamikazes ne prouve rien, alors le martyre involontaire des victimes ne
prouve rien non plus, et il y a quelque chose d’obscène à en faire un argument
moral. »
Involontairement, Barrett et son Truth Movement sont engagé dans la
sape et le discrédit du sacrifice suprême consenti par ceux qui sont morts pour
écrabouiller les Tours. Je comprends Noam Chomsky, qui ne voulait pas prêter
main-forte à cette action. Il ne voulait pas non plus apporter de l’eau au
moulin de la vision américaine, arrogante, des attentats, présentés comme le
pire mensonge et la plus horribles des atrocités jamais enregistrés. Chomsky a
suggéré que Barrett compare ce massacre au « massacre de quatre millions de
personnes en Indochine, à la terreur reaganienne, qui a laissé sur le carreau
quelque 200 000 cadavres torturés et atrocement mutilés en Amérique centrale ».
« Mais à qui cela profite-t-il ? », « qui bono ? », les entends-je
demander. « Les juifs (appelez-les les sionistes, ou les néocons, si vous
préférez) ont tiré profit des attentats. Même Netanyahu a dit, récemment, que le
11 septembre était bon pour Israël. »
Aucun doute n’est permis : les juifs ont utilisé les attentats du
11 septembre jusqu’à la corde, mais ils sont en mesure de se servir de n’importe
quel événement, à leur avantage, en raison de leur contrôle sur les médias.
Qu’il s’agisse d’un atterrissage sur Mars, d’une victoire sur l’Allemagne, d’une
défaite en Irak, de l’augmentation du prix du pétrole ou de l’effondrement du
dollar, ils sont en mesure de le tourner à leur avantage. Ils n’ont nul besoin
de s’envoler vers Mars, ni de mettre le dollar K.O, - ni les Tours jumelles –
eux-mêmes…
« Pour réussir, ce dont un terroriste a besoin, c’est de dynamite
et de journaux », a résumé un terroriste juif, en 1901. En 2001, soit un siècle
plus tard, un journal, à lui seul, fera l’affaire. Avec des journaux, ou plutôt,
avec les télévisions sous votre contrôle, vous pouvez utiliser la dynamite des
autres à votre propre profit. On peut exproprier les actions des autres à
volonté, et même les sacrifices suprêmes des autres. Dans de telles situations,
le qui bono ? ne s’applique pas. Tout, jusqu’à l’événement le plus calamiteux,
sera tourné à leur avantage – dès lors que ce sont eux, qui donneront les
explications.
Noam Chomsky ne lutte pas contre le Truth Movement. Laissons ces
braves gens continuer leurs recherches sur les points d’ébullition de l’acier et
du béton ; laissons-les accuser l’administration, la CIA, les juifs et le Mossad
tout leur saoul. Leur combat a quelque valeur positive : il sape la croyance de
l’opinion publique dans les médias consensuels et dans les bonnes intentions des
autorités. Les gens peuvent essayer de comprendre que leur position n’est pas la
seule possible : d’autres peuvent, de fait, approuver les attentats, ou les
considérer peu importants, ou encore, tout simplement, avoir un sanglier sur le
feu. Les gens ont tendance à attacher l’étiquette « chien de garde de gauche » à
quiconque n’est pas d’accord avec eux sans restriction ; mais cette expression
non dénuée de pertinence doit être utilisée à l’encontre de magnats qui nous
combattent, et non contre des alliés et des neutres…
Notre ami James Petras a lancé de telles philippiques contre
Chomsky : « Noam Chomsky a été durant très longtemps un des grands
dissimulateurs de l’Aipac et de l’existence de l’emprise sioniste sur la
politique moyen-orientale des Etats-Unis… Continuer à parader en « critiques de
la guerre », tout en ignorant le rôle central que joue la Configuration du
Pouvoir Sioniste fait de gourous tels que Chomsky, Moyers et Powers, ainsi que
de leurs acolytes, des gens totalement sans intérêt pour le combat anti-guerre.
Ils sont une partie du problème, et non une partie de la solution. »
Petras, lui aussi, voudrait que Chomsky fasse sa guerre, qui est la
guerre contre l’establishment juif (qu’il appelle la Configuration du Pouvoir
Sioniste). Certes, ça serait génial, mais dans ce cas, on n’aurait plus besoin
de Petras ! Au lieu de voir en Chomsky un ennemi (une « partie du problème », il
vaut mieux voir en lui un important allié, couvrant une part importante de la
ligne de front. Il ne fait pas face à tout, il ne va pas dans certains endroits
où Petras va, mais il ne nous empêche pas d’y aller nous-mêmes… C’est la raison
pour laquelle il est ridicule de le qualifier de « chien de garde de gauche »,
car il ne maintient clos aucun portail.
Nous avons plusieurs points de désaccord, avec Noam Chomsky. Pour
n’en mentionner que quelques-uns :
(1) Il soutient l’idée obsolète de deux Etats en Israël/Palestine,
et donc celle de préserver l’Etat juif, alors que nous, nous en appelons à son
démantèlement et à son remplacement par un unique Etat, dans lequel les juifs
sont des égaux, et non des êtres supérieurs ;
(2) Il considère que le soutien américain à Israël dériverait des
« intérêts impériaux » des Etats-Unis (La « thèse de Chomsky » : « Israël est
bon, pour les intérêts impérialistes des élites des Etats-Unis, et le lobby juif
est puissant, précisément parce que sa ligne d’action coïncide avec ces intérêts
de ces élites »), alors que nous, nous pensons que ce soutien est dû aux
positions de commandement que les juifs occupent dans le discours américain.
Nous avons argué pour étayer notre position et contre la sienne,
sine ira et studio, dans de nombreux articles, tant les nôtres que ceux
d’autres auteurs, publiés sur notre site, ou mis en circulation. Mon essai La
Fête de Saint Firmin (publié dans l’ouvrage Les fleurs de Galilée) étudiait et
dézinguait la thèse chomskienne, dès 2001. Il a déclenché une polémique très
intéressante. J’en ai parlé avec Chomsky. Sur
Spider Web [clique !], nuos avons soulevé
la polémique lancée par Noah Cohen, qui qualifia la position de Chomsky sur la
question palestinienne d’ « Apologie de l’Injustice ». Nous avons publié
l’analyse de Jeffrey Blankfort Le lobby israélien et la gauche : des questions
dérangeantes [The
Israel Lobby and the Left: Uneasy Questions ], ainsi que la Polémique
entre Chomsky et Blankfort [The
Chomsky/Blankfort Polemic ]. Nous avons publié également un article
très sévère de Bob Finch, qui décrivait Noam Chomsky comme « le grand rabbin de
la gauche, qui absout l’Etat juif de toute culpabilité et de toute
responsabilité pour son régime d’apartheid et ses agressions militaires contre
les pays voisins ». Nous avons publié des critiques acerbes des opinions de
Chomsky relatives au Lobby, notamment celles d’Ilan Pappe, de Jeff Blankfort et
de James Petras, dans
Contra Chomsky, ainsi que celle de
Mazin Qumsiyeh. Voir aussi « Tirs à boulets
rouges sur Chomsky » [
Chomsky under Fire ].
En dépit de ces très nombreuses attaques contre lui, Chomsky n’a
jamais daigné répliquer en rendant la monnaie de notre pièce. Il est toujours
resté poli, même courtois. Il n’a jamais, au grand jamais, bloqué la moindre
publication. Il va son petit bonhomme de chemin, alors, respectons-le.
L’infanterie légère et l’infanterie lourde ont des façons différentes d’agir.
Chomsky est notre artillerie lourde, tandis que James Petras, Gilad Atzmon ou
encore… Israel Shamir, nous sommes des scouts au pied léger, nous sommes l’unité
de reconnaissance. Nous devrions aller plus loin qu’il ne le fait, mais il est
notre boulet. Chérissons cet homme et son activité.
Le mot de la fin a été publié par Ian Buckley dans sa défense de
Shamir… ET de Chomsky [
In Defence of Shamir .. and Chomsky ] :
« J’aurais tendance à défendre l’idée que Noam est fondamentalement
quelqu’un d’honnête et de très informé, en dépit de ses points aveugles
personnels. Bien sûr, il faut reconnaître d’entrée de jeu que Chomsky ne va pas
assez loin, en ce qui concerne le Moyen-Orient. Quels que soient ses légers
défauts et ses points aveugles, dans ce domaine particulier, il n’en mérite pas
moins d’être acclamé pour ses excellentes enquêtes, véritablement pionnières,
sur les distorsions des mass media, ainsi que sur la nature profondément
antidémocratique des sociétés dites « démocratiques ». Quand vous avez lu
Chomsky, vous êtes vacciné pour de bon contre le monde succube fétide des médias
consensuels. Un peu de critique ne fait jamais de mal, mais nous devons ne pas
perdre de vue quels sont les « braves gars ». Après tout, il y en a tellement
peu en circulation… Selon moi, tant Shamir que Chomsky sont des hommes
honnêtes. »
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